‘Ils pensaient que je n’allais pas y arriver’ : Häkkinen raconte son retour après le terrible accident de 1995

TribeNews
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Une convalescence très difficile mais le Finlandais ne pouvait “pas arrêter”

Il y a 30 ans, Mika Häkkinen était victime du plus gros accident de sa carrière, et d’un crash qui aurait pu non seulement mettre fin à sa carrière, mais aussi lui coûter la vie. Le 10 novembre 1995, alors qu’il disputait des essais libres pour le Grand Prix d’Australie sur le circuit d’Adélaïde, une crevaison a provoqué une réaction en chaîne catastrophique.

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Perdant le contrôle à l’abord d’un virage très rapide, le Finlandais n’a pu contrôler sa McLaren MP4/10, qui a décollé sur le vibreur, fait un tête-à-queue à haute vitesse, et s’est écrasée de profil sur le mur. Les cockpits n’étant à cette époque pas protégés latéralement, il a subi un choc énorme.

“Je ne pense pas qu’il y ait un seul jour où je n’y pense pas. C’est vraiment étrange” a raconté Hakkinen dans un épisode spécial du podcast Beyond The Grid. “C’est une expérience tellement intense : quand un accident comme celui-là se produit, vous êtes si près de perdre votre vie que, automatiquement, c’est profondément gravé dans votre mémoire.”

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“Mais ce n’est pas quelque chose de négatif. Je n’y pense pas de manière négative, je suis quelqu’un de très positif, et je suis reconnaissant chaque jour pour la vie que je mène, pour ce que je vis, pour le fait d’avoir cinq enfants, d’avoir passé de formidables moments en Formule 1, toutes ces choses-là.”

“Je pense que l’accident que j’ai eu me rappelle toujours à quel point j’ai de la chance de pouvoir poursuivre mon parcours de vie, parce que cela aurait pu très mal se terminer, il y a 30 ans, à Adélaïde.”

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Hakkinen n’avait pas perdu connaissance immédiatement lors de l’impact, ce qui signifie que le Finlandais se souvient en détail de la façon dont l’accident s’est déroulé, avant et après le choc.

“Les choses se sont passées très vite, à une vitesse aussi élevée, et quand le pneu arrière a perdu de l’air, dans une voiture de F1, la garde au sol est extrêmement basse, seulement environ 20 à 25 millimètres.”

“Alors, que se passe-t-il quand le pneu perd de l’air ? Très soudainement, la voiture a commencé à racler violemment le bitume, et cela signifie que vous allez forcément perdre le contrôle. C’est arrivé quand j’ai tourné dans le virage, pas en ligne droite.”

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“C’est arrivé juste au moment où j’ai tourné dans le virage, et c’était un virage à très haute vitesse, un virage où il faut être totalement concentré, parce qu’après ce virage, il y a une très longue ligne droite, donc il faut absolument bien en sortir.”

“Donc, juste quand j’ai tourné, j’ai réalisé ’je perds l’arrière’. Bien sûr, j’ai essayé de faire quelque chose avec le volant, mais, comme la voiture raclait si fort le tarmac, elle a commencé à glisser, à sortir de la trajectoire, à aller vers la sortie du virage, où il y avait un énorme vibreur.”

“De nos jours, ils ont supprimé ces vibreurs hauts pour des raisons de sécurité. Donc, quand j’ai heurté ce vibreur, la voiture a décollé et a commencé à tourner sur elle-même. Malheureusement, la zone de dégagement n’était pas très grande, et la barrière de pneus n’était pas très large, ni très efficace.”

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“Donc, quand la voiture tournait, je ne voyais pas venir la barrière. Normalement, quand on a un accident, au moment où l’on va percuter une autre voiture ou une barrière, on contracte tous ses muscles au maximum pour tenir le volant aussi fort que possible, parce que l’impact est énorme.”

“Mais là, je n’ai pas vu la barrière arriver, parce que la voiture tournoyait dans les airs ; alors, quand j’ai percuté la barrière, c’était très soudain. Une surprise. C’est à ce moment-là que ma tête a bougé violemment, que j’ai fracturé mon crâne, et, au moment exact de l’impact, le bruit était assourdissant.”

“Je me souviens de ce moment où j’étais assis dans la voiture, je ne pouvais pas lever les bras, je ne pouvais pas bouger les jambes. J’ai compris que c’était grave. J’ai compris ce qui s’était passé, et je me suis simplement dit ’Mika, ne fais rien’. De toute façon, je ne pouvais même pas bouger.”

“Mais, pour une raison quelconque, mon cerveau m’a dit de ne pas bouger. De rester calme et d’attendre que les secours viennent. Heureusement, à ce virage précis, il y avait toute l’équipe de secours, tous les médecins, et ils étaient là en 15 à 20 secondes. Ils sont venus immédiatement m’aider. Et c’est là qu’ils ont réalisé que je ne pouvais plus respirer.”

Malgré une hémorragie interne et une fracture du crâne, Häkkinen est resté conscient jusqu’à la trachéotomie qui a été pratiquée sur lui à même la voiture pour lui permettre de survivre : “C’est alors que j’ai perdu connaissance.”

Une famille qui l’a soutenu, non sans peur
La photo qui a fait le tour du monde, c’était celle d’un Mika Häkkinen ensanglanté et clairement mal en point, et c’est celle qu’ont vu ses parents avant d’avoir des détails sur sa condition physique.

“L’accident s’est produit en Australie, et, à cause du décalage horaire avec la Finlande, il était très tôt le matin. Mes parents savaient que j’avais eu un gros accident, mais ils ne savaient pas exactement à quel point c’était grave.”

“Quand ma mère est allée au centre commercial le matin, le journal avait cette photo en première page, alors elle a failli faire une crise cardiaque. C’était un moment terrible pour elle, pour mes parents et pour ma sœur, parce qu’ils ne savaient pas exactement comment j’allais.”

“Ils savaient que le sport automobile est dangereux. Ils savaient qu’il y a des risques, mais ils m’ont toujours soutenu. Je pense que mon père avait plus peur que ma mère, mais ils m’ont toujours dit d’y aller à fond.”

“C’était donc mon choix de vie et le choix de mon métier, que j’ai décidé d’assumer. Ils m’ont soutenu, ils connaissaient mon talent, ils savaient que j’avais une belle opportunité à l’avenir de gagner des courses et de réaliser mon rêve. Donc ils ont toujours été très encourageants.”

Après avoir survécu à la première nuit et à la menace immédiate qui pesait sur sa vie, Hakkinen a repris conscience le lendemain, alors que les médecins commençaient à évaluer l’étendue totale des blessures qu’il avait subies.

“Je pense que je me suis réveillé le lendemain, si je me souviens bien. Je me souviens de tous les tuyaux, de tout ce qu’il y avait dans mes poignets et dans mes bras, tous ces tubes. Bien sûr, j’étais sous une forte médication.”

“C’était horrible, je vomissais du sang et, quand je me suis réveillé, c’était une sensation très désagréable, mais je ne ressentais pas vraiment de douleur. C’était simplement parce qu’ils m’avaient donné des médicaments très puissants.”

“Ron Dennis et sa femme de l’époque, Lisa Dennis, sont venus me voir, et quand j’ai vu Lisa, une femme aux cheveux blonds, j’ai cru que c’était un ange. Voilà. Je me suis dit ’je suis au paradis’. C’était un moment bouleversant, c’est ce dont je me souviens. Leurs visages étaient choqués, car ils savaient que c’était extrêmement grave.”

Des opérations et une longue convalescence
La convalescence a ensuite débuté en Australie avec près de deux mois à l’hôpital, et un retour en Europe en fin d’année 1995, avant un retour chez lui pour le début de l’année 1996. Mais avec de forts maux de tête et un retour très progressif à la normale, rien ne semblait clair pour la suite de sa carrière.

“J’ai été à l’hôpital pendant un mois et demi à deux mois. J’ai passé la plupart de ce temps à l’hôpital en Australie, puis en Angleterre, où j’y suis resté une semaine ou deux. Parce que, quand tu as un accident et que tu te cognes la tête, ton cerveau… l’hôpital doit faire toutes sortes de tests pour vérifier que tout fonctionne bien dans ton cerveau.”

“Un côté de mon visage était paralysé, alors ils testaient si les nerfs étaient complètement sectionnés ou simplement contusionnés. Ils te plantent des aiguilles à travers la peau et le visage pour vérifier tes nerfs.”

“Si les nerfs sont cassés, bien sûr, tu ne ressens rien. Mais heureusement, ils étaient seulement contusionnés. Pourtant, quand ils te plantent ces aiguilles dans la peau et dans les nerfs, c’est comme si Mike Tyson te donnait un coup de poing dans la tête. C’était une expérience terrible : tellement d’IRM de la tête, du cou, pour voir à quel point c’était grave.”

“Le processus était très lent. Ça prend énormément de temps. Peut-être un mois et demi plus tard, j’ai commencé à comprendre dans quel état j’étais, car ils réduisaient progressivement les médicaments, de moins en moins.”

“Et quand ils font ça, la douleur arrive, les maux de tête… c’était l’une des parties les plus dures : supporter les maux de tête, car c’était des douleurs constantes, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.”

“Tout le monde a déjà eu mal à la tête, et vous pouvez imaginer à quel point c’est désagréable. Donc, je pense qu’un mois et demi à deux mois plus tard, j’ai commencé à me rétablir. Mais le médecin m’a dit que je n’avais pas le droit de recommencer à courir, à soulever des poids, que je ne pouvais pas exercer de pression sur mon corps. C’était très difficile.”

“Enfin, quand je suis rentré à Monaco, assis sur la terrasse à regarder les belles lumières de Monaco le soir, je me suis demandé ’c’est ça ? C’est ma vie maintenant ?’ Tu commences à te poser des questions, à te demander ce que tu veux vraiment de ta vie.”

Mais avant de penser à reprendre le volant, il fallait surtout retrouver une vie normale : “C’était horrible. Au début, à cause de la douleur, je me disais ’je vais mourir, je vais mourir’. Je passais mon temps à regarder ma montre pour savoir quand ils allaient ouvrir le robinet de ma perfusion pour me donner la dose suivante de médicaments.”

“L’accident avait endommagé les nerfs de mon visage et je ne pouvais plus bouger mes paupières, alors ils ont dû me fermer les yeux avec du ruban adhésif pour m’aider à dormir. Je ne pouvais pas boire correctement parce que ma bouche ne fonctionnait pas, alors l’eau coulait simplement de ma bouche.”

“C’était dégoûtant. Je me souviens avoir pensé ’ça ne s’annonce pas bien’. Je ne me demandais pas si je pourrais courir à nouveau, mais si je pourrais un jour mener une vie normale.”

McLaren l’a pressé de décider du futur
Mais le temps avançait dans l’intersaison, et McLaren devait réfléchir à la saison 1996, car il était censé courir aux côtés de David Coulthard. Mais s’il ne pouvait pas tenir son rang, il fallait trouver un autre pilote.

“Je ne voulais même pas y penser. Je ne voulais vraiment pas y penser. Mais Adélaïde était le dernier Grand Prix de l’année. Cela signifiait donc que j’avais du temps pour récupérer. Quelques mois plus tard, McLaren a dû me demander ’Mika, veux-tu revenir à la compétition ?’.”

“Sinon, ils devaient trouver un autre pilote. J’ai parlé à ma famille, j’ai parlé à mon management, et je repensais à toutes ces années que j’avais passées dans le sport automobile, depuis que j’étais un petit garçon de six ans. J’étais arrivé très loin dans ma carrière.”

“J’étais dans une superbe équipe, McLaren, et il n’était pas question d’abandonner. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas abandonner. J’avais une grande confiance en mon talent, en mes performances, alors j’ai levé le pouce vers McLaren et j’ai dit ’d’accord, faisons le test. Voyons ce que je vais ressentir et comment ça se passe’.”

Il salue l’accueil de ses proches, qui l’ont soutenu pour tenter son retour : “Ce n’était pas un problème, parce qu’ils me connaissaient. C’était ma décision. Ils m’ont tous soutenu. Ils m’ont dit ’Mika, si tu ressens ça, et si tu décides de le faire, nous te soutiendrons. Nous comprenons tous les risques du sport automobile’.”

“Bien sûr, je ne sais pas exactement ce qu’ils ressentaient au fond d’eux-mêmes, mais ils m’ont soutenu quand j’ai décidé de retourner à la course, ne serait-ce que pour essayer de tester ce que j’allais ressentir.”

Des mécaniciens inquiets de son état de forme
L’essai décisif devait avoir lieu au circuit Paul Ricard, lors d’une séance privée avec McLaren. Moins de trois mois après l’accident, il revint donc dans son équipe, mais avec des séquelles physiques claires qui ont inquiété son entourage, et notamment ses mécaniciens et ingénieurs.

“J’étais nerveux, bien sûr. J’étais nerveux en conduisant ma voiture en direction du circuit du Paul Ricard. Une chose me rendait particulièrement nerveux : tous mes mécaniciens étaient là, ils se souvenaient de ce à quoi ressemblait Mika avant l’accident, avec mes cheveux blonds. À l’hôpital, ils avaient dû me raser 50 % de la tête, et l’autre côté était encore paralysé.”

“J’ai vu les visages des mécaniciens quand je suis entré dans le garage. Ils avaient l’air de penser ’ce gars ne va pas y arriver’. C’était assez désagréable pour moi. J’ai essayé d’être normal et d’agir normalement. J’avais beaucoup maigri, je prenais beaucoup de médicaments, donc ma condition physique avait chuté d’environ 50 %.”

“Quand je courais, je pesais environ, au maximum, 70 kilos. Je suis sûr d’avoir perdu entre sept et dix kilos. Donc j’étais extrêmement maigre. J’avais aussi perdu un peu d’audition parce que, dans l’accident, les petits os à l’intérieur du crâne, dans les oreilles, s’étaient brisés.”

“Ils ont dû reconstruire des os artificiels à l’intérieur. J’ai donc dû subir des opérations en Angleterre et aux États-Unis, à la Mayo Clinic, deux interventions. Tout cela faisait partie du processus de rétablissement, et c’était un vrai défi.”

“Mais une chose que je dois vraiment dire, c’est ce que Ron Dennis a fait, ce que l’équipe McLaren a fait, ce que la famille de Mansour Ojjeh et les amis de ces hommes ont fait. On m’a donné un avion privé pour me transporter d’un endroit à l’autre avant mon retour en Europe.”

“Keke Rosberg, mon agent, a pu s’occuper de moi, et bien sûr ma famille aussi. C’était incroyable ce qu’ils ont fait pour moi. Ils m’ont vraiment offert la paix et l’espace pour me rétablir. C’était juste formidable.”

Malgré son appréhension, et malgré les inquiétudes non exprimées des mécaniciens du garage McLaren, Häkkinen sut en quelques minutes, une fois en piste, que sa carrière en F1 n’était pas terminée.

“C’était très difficile, mais ensuite vint le moment d’enfiler la combinaison, de mettre les chaussures de course. J’étais nerveux, mais en entrant dans la voiture, en mettant le casque, je regardais la voiture… c’était absolument fantastique. Sur mesure, la qualité McLaren.”

“Ils ont démarré le moteur, c’était incroyable. En sortant du garage, j’ai ressenti cela et je me suis dit ’waouh, c’est magnifique’. J’ai appuyé sur l’accélérateur, à fond, tout de suite. Tout était automatique. Tout semblait bien.”

“Mais ce jour-là, dans les virages rapides, je me disais ’et si quelque chose casse ? Je vais heurter le mur’. Puis je me suis dit ’Mika, arrête d’y penser. C’est un test, chasse ça de ton esprit. Concentre-toi sur la conduite’. Et ça a marché.”

“Pourquoi ? À mon avis, parce que je voulais gagner, je voulais devenir champion du monde. Je me suis dit ’ne pense pas à l’accident, ne pense pas à une panne. Fais confiance à la voiture, fais confiance à l’équipe’.”

“Continuons cette aventure ensemble”
Après 63 tours parcourus sur le tracé français, le meilleur temps de Häkkinen était une demi-seconde plus rapide que celui de Michael Schumacher la veille, dans sa Ferrari. Cela lui a permis de se rassurer sur son niveau intrinsèque.

“J’étais rapide. Immédiatement rapide. La voiture était incroyable. J’étais capable d’aller jusqu’à la limite. De pousser la voiture à la limite, tout de suite. Je ne sais pas, peut-être que je suis complètement fou, je voulais juste montrer à l’équipe qu’on allait tout déchirer.”

“J’ai informé l’équipe immédiatement après le test qu’on allait se battre. ’Continuons notre aventure ensemble’, vous voyez ? C’était très clair dans mon esprit, c’était super. J’ai pris ma décision. Je suis une personne très active, j’adore faire des choses. Il n’y avait aucune chance que j’arrête la compétition.”

Après avoir lutté pour pouvoir à nouveau conduire, Häkkinen retrouvait peu à peu la forme physique malgré de fortes migraines. Une grande question se posait pour le Finlandais, sur la possibilité de voir son espérance de vie écourtée.

“J’ai parlé aux médecins à l’hôpital, je leur ai demandé : ’Ma vie va-t-elle être plus courte maintenant ? Vais-je vivre normalement le reste de ma vie ?’. On m’a dit qu’il n’y avait aucun problème, que j’allais bien, que je vivrais une vie normale.”

“’Cet accident ne va pas raccourcir ta vie. Si tu retournes courir, il peut arriver quelque chose’. Mais si quelque chose arrive, mon état aurait été le même même sans l’accident. Donc je ne m’en faisais pas pour ça.”

Häkkinen fit son retour en F1 au début de la saison 1996, retournant en Australie pour inaugurer la nouvelle saison, sur le nouveau circuit de Melbourne. Il marqua des points dès sa première course pour le retour avec une cinquième place, non sans souffrir.

“C’était très difficile physiquement, je n’étais pas au niveau. Pas physiquement là. Je dirais que 1996… je me souviens bien de beaucoup de mes saisons, mais celle-là, mon cerveau était embrumé, je n’étais pas là à 100 %, c’était très désagréable. J’ai dû vraiment dépasser mes limites, physiquement et mentalement, pour traverser cette année.”

Un difficile retour à la réalité en 1996
Cela n’a pas été facilité par l’arrivée d’un nouveau coéquipier ambitieux : David Coulthard. Après une saison 1995 durant laquelle ses équipiers avaient été Mark Blundell et un Nigel Mansell déjà en retraite et peu à l’aise dans la McLaren, il avait une concurrence bien plus rude, et ses difficultés à se remettre dans le bain furent décuplées.

“Coulthard était mon coéquipier, un jeune Écossais qui me bottait les fesses, donc c’était vraiment, vraiment difficile. Cela rendait ma vie encore plus dure. J’étais encore en convalescence, et je luttais mentalement avec ma confiance.”

“Et Coulthard, lui, était à fond tout le temps. À chaque séance, à chaque test, chaque course, toujours concentré au maximum avec les ingénieurs. Et moi, j’étais encore en phase de récupération. Donc l’année 1996, c’était comme si j’étais constamment au bord de l’épuisement.”

“Quand je rentrais à la maison après un Grand Prix, j’étais vidé. J’essayais de récupérer le plus vite possible en rentrant à Monaco, mais ce n’était pas facile. J’étais toujours fatigué, en essayant de ne pas penser à mon accident, de me concentrer sur le présent et l’avenir. Ce n’était pas facile. Ça me prenait énormément d’énergie.”

En 1997, il revint au sommet de son art, et McLaren commença à se rapprocher du haut du classement : “Il a fallu au moins un an. Je dirais qu’en 1997, à mi-saison. J’ai commencé à me sentir fort. Confiant. J’apprenais de mes erreurs, j’étais plus expérimenté que jamais”.

“L’équipe prenait de bonnes décisions en matière de recrutement et d’investissement. Mercedes-Benz devenait plus performante, donc je me sentais bien et fort”, jusqu’à gagner une course fin 1997, puis le titre en 1998 (photo en bas).

“Je pense que 1999 a été l’année où j’étais à mon plus haut niveau. Il a fallu vraiment longtemps pour retrouver 100 %. Quand tu as un accident comme ça, il faut malheureusement des années pour revenir à ton plein potentiel.”

“Quand tu es pilote de F1, tu es un athlète, et on sait que si un athlète tombe malade, il peut mettre des mois à retrouver sa forme. Eh bien moi, je n’avais pas un simple rhume. C’était un peu plus sérieux, donc il m’a fallu quelques années pour retrouver la performance ultime.”

Une inquiétude pour son intégrité physique
Dans le livre ’Formule 1 75’ sorti chez Talent Editions, dont il a fait la préface, Häkkinen avait expliqué comment son rapport au risque a changé en 2001, après quelques accidents, et alors qu’il sentait sa carrière sur le déclin.

Il rappelle que malgré les progrès de sécurité en Formule 1, il était toujours très difficile de subir des accidents, notamment quand il en avait eu un violent en 2001, et il a compris que tout choc pourrait être critique pour sa santé déjà affaiblie.

“Parmi les choses qui ont influencé mes décisions, j’avais vu de mes yeux ce que ça faisait de percuter le mur, et j’avais le temps de réfléchir, et de me demander si j’allais mourir. Et quand vous pensez de cette manière, peu importe votre âge, ça fait mal. Ça fait vraiment mal.”

“Je ne voulais plus revivre les choses que j’avais vécues avec mon accident en 1995. Je ne voulais pas tout perdre dans ma vie. Car quand des choses comme celles-ci vous arrivent, ce n’est plus une question d’argent, ce n’est plus une question de savoir ce que vous possédez, vous pouvez tout perdre.”

“Je ne veux pas dire que vous avez besoin de chance en Formule 1 ou en sport automobile, mais vous savez que chaque saison, vous aurez un accident. Est-ce que vous aurez un, deux ou trois accidents ? Est-ce que ce sera à cause d’une erreur de votre part ? À cause d’une casse mécanique ? Parce que vous avez percuté quelqu’un ?”

“Mais ça arrivera. Et ces accidents, puisque vous roulez à 300 km/h, ils font toujours mal. J’avais atteint le point auquel je reconnaissais que les risques devaient être différents dans la vie. Vous pouvez courir en Formule 1, mais le risque est maximal.”

Une année sabbatique rapidement devenue retraite
S’il y a longtemps eu une blague concernant son retour puisqu’il avait dit être en année sabbatique, Häkkinen assure dans le podcast qu’il a rapidement été sûr de sa décision : “Ron savait que, me perdant, l’équipe perdait un atout majeur, sur le plan du marketing comme de la performance. Ils me connaissaient très bien.”

“Ron m’a dit de réfléchir, de prendre un an de repos, de me détendre. Mais il n’a pas fallu longtemps. En quelques mois, j’ai compris qu’il n’y avait aucun moyen de revenir. Mon esprit pensait au danger, aux accidents, et si Adélaïde se reproduisait ?”

“Je pensais simplement à la vie en dehors de la course. Il y a tellement de choses dans la vie. La F1 n’est pas tout. Si tu veux être champion, tu dois tout donner, 100 %. Tu ne peux rien avoir d’autre dans ta vie. Et je me suis dit : je ne veux plus de ce parcours. Je veux explorer d’autres choses dans ma vie.”

Le Finlandais assure qu’il n’a pas changé après son accident en termes de pilotage, mais en revanche, il a réussi à prendre du recul sur la manière dont il se comportait, et sur son côté humain avec les autres.

“Mon attitude face au risque ? Pas vraiment, je ne pense pas. Je pense que cela m’a surtout changé en tant qu’être humain. J’ai commencé à écouter davantage les gens. Avant l’accident, j’étais extrêmement égoïste. Mon ego était énorme. Ma confiance aussi. Et soudain, après l’accident, j’ai ralenti un peu.”

“J’ai commencé à écouter plus, à réfléchir deux fois avant d’agir. Je ne dirais pas que ça m’a rendu plus intelligent, mais ça m’a appris à apprécier le temps que je vis et le temps passé avec les gens. Ce sont ces petites choses, et ces grandes choses, qui m’ont changé.”

“Le seul autre moment où j’ai changé, c’est quand j’ai commencé à gagner en F1, quand j’ai décroché des pole positions et les titres de champion du monde. Là, j’avais atteint mon but.”

“Après ça, quand je prenais des risques sur la piste, quand j’ai eu des pannes mécaniques et frappé des murs très fort, c’est là que j’ai commencé à me demander si je ne poussais pas ma chance trop loin.”

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